Le terrible vieillard

Publié le par Gérard Lenorman

 

La maison du conte "le terrible vieillard", Marblehead
(
Front Street à l'angle de Circle Street)

  

Selon Lovecraft lui-même, le moment le plus heureux de sa vie se situe très exactement le 17 décembre 1922 à 16h05 lorsqu'il découvrit Marblehead pour la première fois. Racontant son voyage à son ami R. Kleiner dans une lettre datée du 11 Janvier 1923 il écrit :

" Le résultat fut une orgie de délices esthétiques et historiques comme je n'en avais jamais goûtés auparavant; car vraiment je n'aurais pas rêvé qu'il subsistât tant de choses du dix-septième siècle offertes à l'admiration des gens studieux. Même à présent, il m'est encore difficile de croire que Marblehead existe ailleurs que dans quelque rêve fantastique."

Charmé par les lieux , il va recréer la ville dans ses contes sous le nom de Kingsport. La ville, transposition magnifiée et onirique de sa Nouvelle Angleterre myhthique reviendra souvent sous sa plume. Il est par contre assez difficile d'identifier de manière certaine les lieux qui ont servis de modèle à ses nouvelles. Seuls deux d'entre eux, Le terrible vieillard et Le festival ont pu être reliés à un endroit précis de Marblehead.

 

Dans "L'univers de Lovecraft", Philip A. Shreffler explique :

"De nouveau, la ville de Kingsport (Marblehead, Massachusetts) sert de cadre à cette histoire d'un vieillard dont on "suppose qu'il fut dans sa jeunesse capitaine au long cours dans les mers des Indes . On dit du " Terrible Vieillard " qu'il vit " absolument seul, près de la mer, dans une maison très ancienne de Water Street ", une maison qui possède des " arbres noueux plantés sur le devant de sa maison en ruine " et " une collection de vieilles pierres coloriées, groupées d'une si curieuse façon qu'on eût dit des idoles rassemblées dans quelque sombre temple d'Orient ". Localiser dans Marblehead la maison qui a pu servir de modèle à Lovecraft pour celle du Terrible vieillard pose pourtant un problème. Il y a bien une Water Street à Marblehead, et elle est proche de la mer, mais il s'agit en fait d'un cul-de-sac, un rond-point au bout de Front Street, la rue qui longe le port de Marblehead. Water Street n'a que cinquante mètres de long et n'est occupée que par une maison unique, qui ne correspond guère à la description de la nouvelle. Mais, si nous supposons, comme nous l'avons fait à propos du Festival, que Lovecraft a donné le nom d'une rue à son propre prolongement, la Water Street de la fiction serait donc Front Street. Et la présence d'une petite maison d'une seule pièce située environ à mi-hauteur de la rue rend la théorie séduisante. Nichée de travers à flanc de colline, incongrue au milieu des grandes bâtisses fédérales voisines, se trouve Pirate's Hideout (le repaire du pirate), également baptisée la " Cabane du pêcheur " et la " Boutique du cordelier ". Plusieurs légendes entourent cette petite maison légèrement en retrait sur ce qu'on appelle Oakum Bay. D'aucuns prétendent que les pirates y troquaient leurs trésors contre des provisions, tandis qu'une autre version affirme que, certaines nuits, si l'on se tient à proximité de la maison, on peut entendre, portés par le vent d'est, les cris de terreur d'une femme assassinée par des pirates et engloutie par les marais. [...] Certes, le Repaire du Pirate ne possède que deux arbres noueux, et aucune pierre peinte. Mais le lien avec la mer est bien là, de même que des légendes assez macabres pour s'imposer à l'imagination de Lovecraft."
 
 

Publié dans lovecraft

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